Pour le premier atelier, nous avons d’abord pris le temps des présentations, le temps de dire et entendre nos prénoms. Tour de table et tour du monde, Chine, Tibet, Moldavie, Sri Lanka, Mali, Maroc, Russie, Turquie et j’en oublie. Le matin même, sensation d’étrangeté dans les rues d’Enghien, si différentes de celles de Sète, et puis ce bistrot où j’ai pris mes habitudes, au comptoir, entre travailleurs de l’est (moldaves, roumains ?) et joueurs d’amigo. J’aime commencer la journée en échangeant quelques mots avec la serveuse d’origine philippine, on parle vaccins et météo, on ne se comprend pas toujours mais on s’entend bien.
Ensuite nous avons présenté, avec Stéphane Gantelet, notre terrain de jeu de prédilection, notre île de béton, à savoir le brise-lames de Sète (photo de Martine Bousquet et dessin d’Agnès Rosse)
et aussi le Journal du brise-lames, le texte et l’exposition brizlam (photo : Ernest Puerta).
Nous avons montré ensuite les toutes premières images du jeu-vidéo-qui-n’est-pas-un-jeu-vidéo mais plutôt un livre numérique dans lequel on se déplacera comme dans un jeu vidéo (c’est long comme définition, non ?)(on cherche un nom pour l’objet, toutes les propositions seront examinées avec soin, avis !)
Les élèves avaient travaillé de leur côté avec leurs professeurs sur le motif de l’île et ils nous ont montré à leur tour leurs travaux (ci-dessous l’île de Maxim).
J’ai aussi parlé de la distinction play/game que fait Winnicot, « play » renvoyant au « jeu d’enfant », libre et gratuit, dans lequel l’invention tient la plus grande part. La création serait la continuation du « play » : « Chaque enfant qui joue se conduit comme un écrivain, dans la mesure où il crée un monde […]. Il joue sérieusement. Ce qui s’oppose au jeu n’est pas le sérieux mais la réalité ». D’où mon affection pour le terme de « serious game » qui ne semble cependant pas complètement coller à la chose, pour plusieurs raisons dont je parlerai un jour, ici sans doute, mais ce n’est pas le moment.
Puis, enfin, nous sommes passés à la pratique. Après avoir lu un texte de Sebald (où il est question de jeu dans les douves asséchées d’un château) qui m’a donné l’occasion de faire remarquer que le terrain de jeu peut se déployer là où l’on ne s’y attend pas, j’ai demandé aux élèves de photographier des détails du sol sous leur pas (photos prises pour la plupart sur le chemin entre le lycée – ou le collège – et le Centre des Arts où nous sommes allés ensemble faire la visite de l’exposition de Miguel Chevalier « Power pixels »).
Le titre de l’atelier « Le jeu est sous vos pas » est un clin d’oeil à « La ville est sous mes pas », site collaboratif ouvert par Cécile Portier en lien avec « Etant donnée ». C’est aussi une idée qui a germé en regardant une série de photos de Benoit Viguier.
Chaque carré découpé ainsi dans le sol devient un terrain de jeu. Il s’agissait ensuite d’inventer le jeu correspondant, d’en donner les enjeux, les règles, les joies… avec une seule contrainte : démarrer ou placer dans le texte l’expression « on dirait que », formidable ouvroir du jeu et du récit.
Je mets ici en ligne les toutes premières propositions, d’autres suivront.
On dirait que c’est un voyage. On sait jamais si on reviendra. Mais où il est écrit « bus » tu sais que c’est la bonne direction. Le bus c’est un signe pour le voyage. Si tu n’as pas confiance en toi, tu démissionnes. L’enjeu c’est que tu gagnes et tu vas être libéré de ne pas jouer encore. Mais la partie la plus difficile, c’est que tu vas avoir des gens qui vont te dire une fausse direction. Donc c’est à toi de bien dire où tu vas. La règle c’est que tu ne dois pas descendre sur la rue. Bonne chance et fais attention ; ce n’est pas difficile.
Isatou
On dirait que aujourd’hui je veux construire le plus grand château
avec chevaliers armés et un grand bateau
on dirait que pour commencer à le construire
nous devrons faire attention de ne pas le détruire
sinon nous aurons une belle surprise
on réveillera le monstre Mikado avec ses yeux de cerise
Soukaïna
On dirait qu’il a une lumière. On DIRAIT que C’EST le paradis avec de la végétation. On DIRAIT qu’on a du soleil. On dirait qu’il fait très chaud. On DIRAIT que c’est un monde sans frontières.
Junior
On dirait que pour jouer il faut deux joueurs, un dé avec les chiffres de 1 à 6 et un autre noir et blanc.
On décide de celui qui va lancer le premier les dés en jouant à « pierre, feuille, ciseaux ». Le vainqueur commence le jeu. Il doit lancer le dé des numéros puis celui des couleurs. Si on obtient la couleur blanche, on marche sur les cases blanches autant de fois que le numéro obtenu en lançant le dé des chiffres.
Sangpo
On dirait qu’il y a un trésor caché,
On dirait que c’est un mystère,
On dirait qu’il faut suivre la carte,
On dirait qu’il faut chercher la clé
On dirait qu’il faut avoir une boussole,
On dirait qu’il faut trouver le bon point cardinal.
Chabaz
« Pouvez-vous sourire si vous jouez à ce jeu ??? »
Vous devez sortir de cette flaque d’eau avec un visage gracieux.
Règles
1 .Tu dois jouer avec un sourire sur ton visage.
2.Tu dois ramasser le plus possible de feuilles sèches pour gagner.
3. Tu dois porter un short pendant le jeu et pas de chaussures. Si tu portes un pantalon long, tu risques de le tacher et de perdre ton sourire.
Tenzin-yanki
On dirait qu’une feuille morte a besoin d’aide pour qu’elle sauve sa vie parce qu’elle rentre dans la terre à cause des gens qui mettent leurs pieds sur elle et elle a vraiment mal et vraiment peur. Elle pleure pour sa vie, parce qu’elle ne peut pas tenir comme ça très longtemps, mais on ne sait pas ce qu’il faut faire, personne n’a des idées. Mais moi, je sais : il faut faire quelque chose pour cette pauvre feuille. une expérience de la vie pour cette pauvre feuille, mais pour cela, il faut des idées.
Alors je dois donner des idées pour redonner la vie. Il nous faut une boisson énergétique pour ressusciter la pauvre feuille.
Sarah
Mon jeu
Est comme un feu
C ‘est le feu de ma vie
Oui j’aime beaucoup rire
Le ballon c’est ma santé
Et je ne veux un autre choisir
On dirait que le ballon c’est moi
Et tout le monde me demande pourquoi
Et quand il fait un but
Je suis plus heureux que tout
C’est le jeu de ma vie
C’est ma vie qui entre
Par la porte, pour prendre
Le Bonheur !!!
Sergiu
On dirait que ce sont des escaliers, on dirait que c’est de la poussière, on dirait que c’est une montagne, on dirait que c’est la forêt, on dirait que c’est plein de marches et il faut trouver une sortie, on dirait que c’est fabriqué avec du sable, on dirait que ce sont deux visages comme un couple, on dirait qu’une vague va déferler, on dirait que ce sont des murs , on dirait que ce sont des lampes , on dirait que c’est un clavier son espace et ses chiffres , on dirait que c’est une planète , on dirait que c’est une grande pierre ou un désert et on dirait que c’est fini et au revoir .
Abedkader
On dirait que c’est un cercle un peu comme des serpents. Pas vraiment mais c’est des dessins de serpents qui peuvent pas rester longtemps dans ce cercle parce que dans cette ronde, il y a des girafes dangereuses en forme de triangles qui pleurent sur leur vie parce que leurs enfants ont peur des serpents.
Anam
On dirait que vous êtes un détective. Votre travail est de trouver les mêmes feuilles. Bonne chance !
Règles :
1 Ne touchez pas les feuilles
(chercher des ressemblances au coup d’œil)
2 Les feuilles doivent être de la même couleur
et de la même forme
3 Attention! Les feuilles sont givrées
4 Lorsque tu as des feuilles qui se ressemblent tu cries : TROUVE !
5 une paire de feuilles est égale à un point!
6 le gagnant est celui que a obtenu le plus de points
VOILA !
Nastia
On dirait que c’est une route musicale. Quand on clique sur les notes, commence une mélodie. Il faut deviner les chansons. Si tu devines, alors tu peux sauter sur l’autre note. Si tu ne devines pas cette mélodie, alors tu restes sur la note et tu as une deuxième chance. Mais fais attention, tu as juste trois chances. Si tu ne réussis pas alors tu recommences au début. Si tu gagnes, tu as une récompense : tu es invité dans un concert de Tal ou de Justin Bieber au choix.
Allez on commence le jeu…
Diana
A la plage, quand la mer reflue, on profite du sable humide et sec pour construire un château. On a trois heures ! On construit un château solide pour qu’il résiste quand la vague le frappe. Le but du jeu est qu’il résiste le plus longtemps possible avant qu’il soit submergé par l’eau. Le jeu dure 20 minutes. Le dernier château qui reste est le gagnant.
Kaiji
On dirait que c’est un jeu de marelle pour les enfants. Et voilà tu es prête? On y va. Tu lances la pierre au 1er carré et tu sautes avec un pied au 1er carré, tu prends la pierre et tu reviens. Tu lances la pierre au 2éme carré et continue à jouer. Quand tu lances la pierre, ne touche pas les lignes et quand tu sautes aussi tu ne touches pas les lignes. Si tu touches les lignes, tu es perdu. Quand tu as perdu, tu passes à une autre personne. Voilà le jeu. Je sais que tu as bien compris, alors bonne chance à toi !
Mathanki
Ce jeu se joue en équipe .Pour démarrer le jeu il faut qu’il y ait 6 participants. Parmi ces 6 personnes, 3 se tiennent sur un côté de la piste de course pendant que les 3 autres sont en face. Il y a donc trois équipes de deux. Après avoir dit 1, 2, 3, les trois premiers participants d’un côté commencent à courir vers le côté opposé. Une fois qu’ils ont atteint l’autre côté, ils doivent serrer la main de leur équipier. Celui-ci repart alors à son tour de l’autre côté. L’équipe ayant fait l’aller-retour la première remporte le jeu.
Maxim
On dirait que c’est la forêt avec des arbres
On dirait qu’on joue à cache-cache derrière les arbres
On dirait que c’est une piste de l’avion
On dirait que l’avion atterrit sur la piste au milieu des arbres
On dirait que l’avion va déposer les enfants pour jouer
Mahamadou
Creusez un trou dans le sol et prenez une feuille. Selon la taille et la direction du vent choisissez l’endroit idéal pour faire tomber la feuille. La distance entre la feuille et le sol doit être d’au moins un mètre. Il faut que les feuilles tombent dans la fosse pour obtenir des points. Une feuille = 1 point. Tout le monde a droit à vingt essais. On dirait que le gagnant est celui qui a obtenu le plus de points.
Mingnan
On dirait que, c’est un casse-tête. Nous devons rassembler toutes les pièces et reconstruire le vélo. Si on n’y arrive pas dans la journée, on perd, on a un gage : courir sur un pied 50 mètres en 10 minutes. Si on arrive à reconstruire le vélo on gagne : le vélo pour s’envoler dans l’espace.
Razhyel
On dirait que c’est un jeu qui est intéressant pour les gens qui habitent dans un village.
On dirait que c’est comme cache-cache.
Alors, on y va.
J’ai caché un petit bout de bois sous le sol.
Et il faut que vous le retrouviez.
Mais je voulais vous dire une idée pour vous faire deviner.
Alors, vous allez faire 21 pas.
Quand vous êtes arrivé, vous pouvez trouver le bout de bois sur un cercle de 2m autour de vous.
Celui qui trouve en premier le petit morceau aura gagné.
Et le tour prochain, il aura droit de cacher des choses à son tour.
Et voilà le jeu,
Alors, est-ce que vous êtes prêt pour jouer ?
Kasthuri
C’est comme le bout des crayons. C’est comme des points. C’est comme des mots. C’est comme des boutons. C’est comme des fourmis grossies. On dirait qu’on peut pas trouver la sortie. On est perdus !
Oussama
On dirait que, dans les lignes noires et blanches, je lance une balle et si la balle touche les pois noirs, les pois tombent.
Chaque pois est équivalent à un point.
Pour jouer, vous avez besoin de deux personnes.
Le règle est : je lance une balle et à la fin du lancer, il y a une figure qui reste et qui a la plus belle figure gagne le jeu, gagne un toast.
Beatriz
On dirait que c’est un puzzle. Il faut trouver les pièces pour faire le dessin des
petits bonhommes ou des abeilles.
Ahmed
On dirait que, autour du téléphone il y a des gens qui font un cercle et que sur le téléphone, quand on touche la lettre « E », des lettres sortent. A ce moment-là, il faut dire des mots pour gagner la partie.
Ce jeu a une règle : les gens gagnent si le mot est bien fabriqué et entendu par le représentant de la partie. Dans ce jeu, seulement 10 personnes peuvent jouer à la fois, parce que s’ il y a beaucoup de personnes, les mots peuvent pas être entendus par le représentant de la partie.
Anabela
On dirait que c’est une canne à pêche dans un lac, on voit de minuscules poissons qui essaient de s’échapper du filet et la personne doit essayer d’attraper le plus de poissons. En même temps il faut avoir de la chance car les poissons jouent aussi, ils devront avoir des techniques pour s’échapper du filet, comme par exemple faire croire aux gens qu’ils s’approchent du filet et après fuir rapidement. On arrive tous à jouer car on joue avec eux et eux ils jouent avec nous.
Joana